Le 16 juin dernier, la presse taïwanaise affichait Anderson MEDAH, un jeune militaire burkinabè aux cotés de la présidente de la République de Chine, visiblement ravie de discuter avec lui. Une image captivante qui a attiré l’attention de plus d’un, et surtout la touche de Stella. J’étais alors curieuse de savoir de quoi il retournait et ce qui se disait entre les deux.
Il faut dire que c’est d’abord une fierté de voir un Burkinabè retenir l’attention de la Présidente Tsai Ying Wen, d’autant plus que celui-ci est en formation dans le pays ami du Burkina. Après renseignements, je me fis dire que c’était à l’occasion du 92e anniversaire de l’Académie Militaire de l’Armée de Terre de la République de Chine Taiwan, et que Madame la Présidente a pris part au déjeuner avec les élèves-officiers.
J’ai pu lire sur un média taïwanais : « L’élève officier MEDAH dans son interview, a exprimé être content de participer à cette cérémonie d’anniversaire. Il a un niveau de chinois assez courant, lui permettant même de réciter un poème très connu dans la littérature chinoise. » J’estime alors qu’il est important d’en savoir un peu plus sur Anderson MEDAH, et je me suis adressée à lui pour vous.
Stella : Qui est Anderson MEDAH?
Anderson : Je m’appelle MEDAH Martha Céleste Anderson D. Je suis Elève Officier d’Active en fin de formation initiale d’officier à l’Académie Militaire de l’Armée de Terre de la République de Chine, Taiwan, aspirant très bientôt au grade de Sous-Lieutenant.
S. : Comment êtes-vous arrivé à Taiwan et quelles sont vos ambitions pour la suite ?
A. : Dans le cadre de la coopération diplomatique bilatérale, Taiwan offre chaque année au Burkina Faso des bourses d’études dans ses universités civiles et dans ses académies militaires. C’est ainsi que par un processus de sélection réservé aux élèves du Prytanée Militaire de Kadiogo où j’ai fait mes études secondaires, j’ai été admis à l’Académie Militaire de l’Armée de Terre en 2012. J’y suis en fin de formation initiale sanctionnée par l’obtention du grade de Sous-Lieutenant et d’un bachelor en Management, cela après environ 5 ans passées ici.
Ma formation sera complétée par un stage d’application en infanterie qui se déroulera d’Août 2016 à février 2017, que je suivrai sur une base militaire de l’Armée de Terre, toujours à Taiwan
En ce qui concerne mes ambitions, à ce stade, je dirais que c’est de terminer mon séjour à Taiwan sur une très bonne note et de retourner au Burkina Faso pour me mettre au service de la nation et à la disposition des Forces Armées Nationales, pour y faire carrière.
Si toutefois, comme je le souhaiterais, l’opportunité m’était donnée par les autorités des forces Armées de mon pays de poursuivre les études universitaires à Taiwan pour l’obtention d’un master, ce serait sans hésiter.
S. : Comment est le peuple Taïwanais envers toi ? Qu’est-ce qui vous plait ou vous déplait là ?
A. : je pense qu’il est difficile de donner une réponse qui ne serait pas plutôt subjective à cette question. Néanmoins, avec le temps passé ici, je retiendrais que les taïwanais sont un peuple fier, avec une jeunesse très attachée à sa liberté et aux valeurs de la démocratie. C’est un peuple hospitalier et très déterminé au travail. Les taïwanais sont très exigeants en ce qui concerne l’éducation, la formation et le civisme, car ils considèrent ces aspects comme les valeurs de base qui fondent et qui ont favorisé leur progrès et leur développement socio-économiques. Ils sont également très optimistes de nature.
Je noterais que, de façon générale, la majorité des taïwanais a une certaine méconnaissance ou du moins très peu de connaissances sur l’Afrique et les Africains. Alors que sur beaucoup de points, ils ont des traditions et des pratiques culturelles assez proches de celles des Africains.
S. : Si vous pouviez importer une chose, un comportement ou un concept de Taiwan au Burkina, ce serait quoi ?
A. : Sans hésiter, leur sens de la discipline, du civisme et du respect du bien commun. J’ajouterai leur amour de la patrie, leur ardeur au travail, la valorisation de leur patrimoine et le fait de toujours essayer de compter d’abord sur soi-même.
S. : Vous avez dit que « Le 16 juin est une date que je ne peux oublier… » Pourquoi ?
A. : Ce 16 juin 2016, notre académie célébrait le 92ème anniversaire de sa création. Comme les années passées, c’est une cérémonie qui a été très soigneusement préparée. C’était ma dernière cérémonie du genre en tant qu’élève-officier et bien entendu j’étais envahi d’émotion en revoyant tout le chemin parcouru depuis mon arrivée au sein de l’académie. Mais le fait marquant qui restera gravé dans ma mémoire, est l’honneur qui m’a été fait, et à travers moi à mes compatriotes élèves-officiers, et au Burkina Faso, d’être invité à la table de la Présidente de la République (qui a fait son investiture à cette fonction le mois dernier) lors du déjeuner qui a clôturé les festivités. C’est assez rare pour un élève étranger et en plus la présidente s’est montrée très attentionnée à mon égard en échangeant quelques propos avec moi. Cela a été un moment très spécial pour moi.
S. : Que souhaiteriez-vous ajouter ?
A. : je voudrais vous remercier de m’avoir donné l’occasion de parler de notre formation et de faire connaitre un peu l’académie militaire où elle se déroule. J’en profite, en tant que fruit des relations d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la République de Chine, pour témoigner toute ma reconnaissance et celle de mes camarades et compatriotes qui ont fréquenté ou qui fréquentent toujours cette grande école, aux autorités burkinabè et taïwanaises, au Burkina Faso comme à Taiwan, de nous permettre d’être formés aux métiers des armes dans les meilleures conditions possibles.
C’est une formation très difficile comme cela l’est en général dans les académies militaires et c’est avec une grande fierté et un soulagement qu’on voit la fin arriver. Je remercie également mes parents et amis dont le soutien constant a été indispensable à mon succès.
Pour le reste, j’espère pouvoir être à la hauteur des attentes de mon pays, une fois rentré, et je mettrai tout en œuvre pour mettre en valeur les connaissances acquises au cours de ma formation et rendre à mon pays les sacrifices qu’il a consenti pour cela.
A. : Félicitations, et bon vent pour votre carrière !
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