L’année commence en cinéma pour Stellatouchatout : nous avons fait un tour en salle de ciné pour visiter la « Cellule 512 » du réalisateur Missa Hébié. Une cellule qui refile le frisson et dont on ne ressort pas indemne. Et voici pourquoi…
Un scénario satisfaisant
Lorsque la colombe s’élève au-dessus de la Prison civile de Ouagadougou (PRICO), c’est un sentiment de satisfaction qui anime le cinéphile. Il se dit, « le scénariste » est resté collé à l’idée originelle jusqu’à la fin : l’accident mortel du fils Nana qui a conduit la femme de monsieur Kinda à la prison. Le cinéphile reste scotché à l’écran jusqu’à la fin du film et ne constate aucune digression.
Les interludes du cochon farfouillant dans les ordures (la prisonnière qui jette son bébé qui sera dévoré par un porc) ou du combat de coqs (le duel entre l’infirmier syndicaliste intègre et le régisseur félon de la PRICO), a priori sans lien avec l’histoire, trouvent vite leur sens dans la suite des événements.
Toutefois, certaines scènes auraient pu être jouées au lieu d’être économisées dans un dialogue. Le cinéphile aurait été intéressé de savoir comment le brigadier Bantaré Bougoum est venu à bout du prisonnier poignardeur. La charmante demoiselle qui a voulu prendre la place de madame Kinda aurait dû avoir plus d’audace : on aurait aimé voir jusqu’où irait la résistance de monsieur Kinda si la belle l’avait rejoint dans son lit froid…
Un casting intéressant
Un mélange d’acteurs connus et d’acteurs visiblement novices qui témoigne de l’envie du réalisateur d’injecter du sang neuf dans le cinéma burkinabè. cela dit, satisfaire à cette envie comporte des risques, et « Cellule 512 » n’y a pas échappé. Voilà pourquoi le juge d’instruction (trop théâtral et récital) et même l’actrice principale, Rasmata Zoungrana, peuvent être coiffés du bonnet d’âne.
Voir le synopsis de « Cellule 512 » ici.
Par contre, Barou Oumar Ouédraogo (monsieur Bougoum), Ali Traoré (le »gérant » au « ka yaa woto » qui a séduit les cinéphiles) ou encore la talentueuse Philo (la prisonnière qui sera poignardée au cou) ont tiré leur épingle du jeu et ont apporté les virages savoureux du film.
Meilleure scène
La meilleure scène reste certainement ce dialogue entre le directeur de la PRICO et le père du fils Nana décédé. Il décrit avec une recherche cinématographique poussée le déroulement d’une scène de corruption où le corrompu joue au difficile, à l’homme intègre, avec le seul souci d’augmenter les enchères pour finir par céder lorsque le magot proposé est très compact.
Sentiment général
Tous ces ingrédients font donc qu’à la fin du film, on a le sentiment de ne pas avoir perdu son temps. Missa Hébié (réalisateur) et Noraogo Sawadogo (scénariste) n’ont, une fois de plus, pas déçu. Un film logique et qui plus est éducatif. Il a posé à la conscience des cinéphiles, la problématique de l’éducation des enfants aujourd’hui. Faut-il s’adonner à son travail et oublier ses enfants ?
Ils ont eu le courage aussi de lever un coin de voile sur l’univers carcéral où corruption, viols (tant de femmes que d’hommes), tortures, injustices sont le quotidien des « locataires ».
Conseil
Ne manquez pas ce film si vous en avez l’occasion, et n’oubliez pas : « Ka yaa woto! »
Avez-vous déjà suivi ce film? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué?
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